8 mars

frida

Lorsque tu dis non, que tu refuses, que tu choisis de ne pas faire ce qu’attend de toi la majorité, tu passes pour folle, une rebelle de la société, une désaxée. Tu as choisi d’être toi et tu en payes les pots cassés. Certains t’admirent, parfois sans oser te le dire, d’autres te toisent, te traitent de mauvaise fille, d’insolente. Parce que tu as décidé de porter un décolleté profond, de montrer un sein voire les deux, parce que cette jupe trop courte met en valeur tes jambes fuselées, parce que cette robe moulante révèle tes rondeurs parfaitement imparfaites, ils se braquent contre toi et se donnent à cœur joie à te bâtir une réputation de traînée. Ils le savent, dans le fond, tu vis ta vie. Tu n’en as que faire de leurs opinions. Ta vie, tu ne la dois à personne, si ce n’est aux entrailles de ta mère qui elle-même a été bénie des dieux. Et alors que tu as choisi de la croquer à pleines et belles dents, d’autres ont préféré répondre aux critères bien pensés qui leur ont été dictés. Ils parlent tous de la même manière, s’habillent à l’identique, mangent de la nourriture en conserve au point d’en oublier le goût d’une tomate bien mûre, regardent les mêmes émissions débiles de télévision et ont le nez permanemment collé à leur smartphone. Tandis que toi, eh bien toi tu avances sans te soucier du crédo des autres. Tu virevoltes en marchant, des lunettes aux verres roses sur le nez. Ton grand chapeau te protège du soleil chaud et tu bois ton eau à même la bouteille, ta bouche noircie de rouge à lèvres happant entièrement le goulot. Tu n’as pas envie d’écouter les informations, elles te donnent le cafard. Tu préfères écouter les tubes des années 80s qui te donnent du peps et te mettent de bonne humeur. Lorsque tu veux quelque chose, tu le demandes, tu n’as pas honte de tes envies. Tes amis, ils ne sont pas très nombreux. Tous trouvent que tu es bizarre, que tu es un concept. Tu les fascines. Ils t’aiment comme tu es. Tu n’hésites pas à donner la main à une vieille dame pour l’aider à traverser une chaussée dangereuse. Ou à acheter un sandwich au thon à un sans abri qui te demande une p’tite pièce. Les gens parlent dans ton dos, disent que tu vis sur une autre planète, que tu refuses de grandir. Tu t’en fiches. Tu ne vis pas pour eux. Mais pour toi. Alors tu continues à croquer à pleines dents cette vie compliquée mais si délicieuse, à porter des bas résilles sous des micro jupes, à te teindre les cheveux aux  couleurs de l’arc-en-ciel, et à humer l’air frais du bord de mer. Tu as choisi d’être toi, d’être heureuse malgré tout, de ne pas répondre aux exigences d’autrui, et tu te sens bien. Tu assumes tes positions et tu en es fière. Tu écris les mots « Carpe Diem » sur toutes les pages de ton carnet intime pour ne pas oublier de vivre. A chaque instant et en tout lieu, tu veux célébrer la femme que tu es, pour ses différences, ses exclusivités, ses folies permanentes ou passagères. Debout face à cette foule qui se meut comme un seul corps, dans ta petite robe rouge à sequins, tu es unique, tu le sais, et tu n’en es que plus belle à mes yeux…