L’attentat, de Yasmina Khadra

 

Aujourd’hui je partage avec vous un deuxième coup de cœur.
2020 commence si bien!

Si vous me suivez depuis quelques temps déjà, vous avez sans doute remarqué mon attachement à Yasmina Khadra. Cet auteur fait définitivement partie de mon Top 5 depuis quelques années maintenant, et je peux affirmer n’avoir jamais été déçue par une de ses œuvres (du moins, pas pour l’instant! lol). « Qu’attendent les singes » ou encore « Les hirondelles de Kaboul » sont par exemple des romans que je vous recommande vivement.

Mais aujourd’hui il s’agira de « L’attentat« .
L’histoire touchante du docteur Amine, imminent chirurgien à Tel-Aviv ayant tout pour réussir et qui voit sa vie voler en éclats le jour où sa femme se fait exploser au cœur d’un restaurant rempli d’enfants. Noyé dans le désarroi et la confusion la plus totale, comment saura-t-il trouver une explication plausible à la radicalisation de son épouse? A quel moment lui a-t-elle donc échappée? Elle semblait pourtant si heureuse et épanouie depuis qu’ils vivaient ensemble dans cette grande et confortable maison en terre israélienne. Ou était-ce uniquement en apparence?

En ce qui me concerne, l’auteur m’a amenée à me questionner sur la définition même de la confidentialité et du secret entre un homme et sa femme ; est-ce parce que deux personnes sont mariées qu’elles doivent forcément tout se dire, surtout quand il s’agit de convictions intimes religieuses? Le personnage principal est confrontée en permanence à  sa douleur, celle de se rendre à l’évidence qu’il ne savait pas tout de sa femme, voire rien du tout. Comment a-t-elle pu décider de sacrifier sa vie, de tuer des innocents, pour venger ses frères palestiniens? Qu’est-ce qui lui donnait ce droit quand ils menaient une vie plus que confortable en Israël? Pourquoi n’en avait-elle pas parlé avec son mari, pourquoi ne lui avait-elle pas demandé son avis? Ne comptait-il déjà plus pour elle alors qu’elle était encore vivante? Était-ce sa faute à lui si elle s’était détournée de lui? Est-ce qu’en se livrant kamikaze, sa femme était finalement une mauvaise personne dont la mémoire ne devait pas être honorée? Une foultitude de questions à laquelle il est compliqué de répondre en tant que lecteur détaché du roman, mais aussi en se mettant à la place du personnage qui tout au long du récit va être en quête perpétuelle de réponses, de lumière à mettre sur ces zones obscures de sa vie et de son couple.

Le roman aborde subtilement et à la fois sans langue de bois le sujet de la religion, de la radicalisation, mais aussi du conflit Israëlo-Palestinien. Un vrai coup de cœur, d’autant plus qu’il est aussi extrêmement riche en vocabulaire, et que les dialogues sont superbement rédigés (vous êtes avec les personnages lorsqu’ils discutent, vous sentez leurs émotions, vous êtes happés par leur énergie! un régal!!). Mais je ne vous en dis pas plus et vous invite à vous le procurer, ou à vous le faire offrir pourquoi pas, et à le dévorer, tout simplement.

Extrait, page 75 :

On croit savoir. Alors on baisse la garde et on fait comme si tout est au mieux. Avec le temps, on finit par ne plus prêter attention aux choses comme il se doit. On est confiant. Que peut-on exiger de plus? La vie nous sourit, la chance aussi. On aime et on est aimé. On a les moyens de ses rêves. Tout baigne, tout nous bénit… Puis, sans crier gare, le ciel nous tombe dessus. Une fois les quatre fers en l’air, nous nous apercevons que la vie, toute la vie – avec ses hauts et ses bas, ses peines et ses joies, ses promesses et ses choux blancs ne tient qu’à un fil aussi inconsistant et imperceptible que celui d’une toile d’araignée. D’un coup, le moindre bruit nous effraie, et on n’a plus envie de croire à quoi que ce soit. Tout ce qu’on veut, c’est fermer les yeux et ne plus penser à rien.

Xx,
Manouchka.

Un homme, de Philip Roth

Je ne me rappelle plus du tout de quel film il s’agissait, mais j’ai découvert ce livre ainsi : en regardant un film au cinéma. L’actrice principale discutait avec une amie dans une librairie puis a brandi ce livre en disant qu’il était une référence qui lui avait permis de changer son regard sur le monde. Quelques jours plus tard, je m’étais offert « Un homme » de Philip Roth. C’était en 2018. Depuis l’auteur est décédé (R.I.P.), laissant derrière lui une foultitude d’ouvrages, et à ce moment-là, moi je n’avais toujours pas lu « Un homme ».

Quelle gruge je suis! Je ne vous ai pas souhaité les bons vœux de la nouvelle année! Où avais-je la tête? Une excellente santé à chacun d’entre vous et surtout, si comme moi vous avez une pile à lire plus haute que vous, contrôlez vos achats compulsifs de livres et prenez le temps de bouquiner avec le stock dont vous disposez déjà.

Aujourd’hui j’ai enfin lu « Un homme », et d’une seule traite je tiens à le notifier. Je peux fièrement dire qu’il a été ma première lecture de cette année, et loin d’en être une mauvaise. C’est l’histoire de la vie d’un homme. A son décès, sa famille se retrouve autour de sa dépouille pour la cérémonie de l’enterrement. Le roman commence par cette séquence. Puis l’histoire de sa vie nous est ensuite racontée. Ses trois mariages, tous soldés par un divorce. Sa fille Nancy dont il est le plus proche et qui sera son ange gardien tout au long de sa vieillesse. Ses multiples combats contre la maladie. Son rapport à sa famille et plus particulièrement à son frère, un mélange de jalousie et d’admiration pour celui qui contrairement à lui, aura tout réussi dans sa vie : son mariage, ses beaux enfants, son travail florissant et sa santé de fer. Mais il s’agira aussi de ses regrets, de ses remords. De ses choix. De ses folies. De ses tromperies. De ses réussites mais aussi de ses faiblesses. Bref la vie d’un homme spécial et à la fois quelconque, racontée en toute simplicité et sans aucun jugement. Elle nous est juste présentée, comme pour rendre un dernier hommage à celui qui aura marqué à sa façon l’existence de tous ceux qu’il aura rencontrés.

En ce qui me concerne, je pense qu’on aurait pu remplacer le titre du roman « Un homme » par « Une femme », ou encore par « Quelqu’un ». C’est un récit qui en fin de compte peut s’appliquer à tout individu. À la fin de votre existence, l’on se souviendra de votre histoire, de votre vécu. On parlera de vous en disant ce que vous avez accompli, ce que vous avez réussi ou moins bien réussi. « Un homme » est une histoire dont on peut remplacer les différents épisodes pour les adapter à la vie de n’importe qui. De moi, de vous, du boulanger d’en face ou du banquier d’à côté. Lorsque j’ai refermé le livre, à la dernière page, j’ai été envahie par un étrange sentiment de bien être et de calme intérieur. Comme ça me le fait très souvent après avoir lu un bon livre, un livre qui me touche, qui m’apprend quelque chose, qui ne me laisse pas indifférente, qui me ramène à ma simple condition d’être humain. Cet homme dont Philip Roth nous parle, a eu une vie pleine, certes loin d’être facile, mais remplie et pleine de rebondissements. Il l’aura vécue, embrassée, serrée contre lui sans en laisser échapper une miette. Et peu importe les choix ou les décisions qu’il aura eu à prendre, il aura été « Un homme » parmi tant d’autres, avec ses qualités et ses défauts, avec le mérite d’avoir fait de son mieux pour les autres mais aussi pour lui, afin de trouver la paix, la joie, le bonheur.

Le style d’écriture de Philip Roth dans ce livre est doux, simple et accessible à tout type de lecteur. Que vous soyez étudiant ou à la retraite, vous pourrez le lire et y prendre, je le pense, un certain plaisir. Et si jamais vous n’aimez pas lire, vous pourrez aussi songer à l’offrir à un ami ou un parent qui sera certainement ravi de n’en faire qu’une bouchée.

Encore une fois, bonne année et prenez soin de vous!

Xx,
Manouchka.