Gagnant ou perdant, à nous de choisir ! ou Attitude is everything de Jeff Keller

« The greatest mistake a person can make is to be afraid of making one. »
Elbert Hubbard

J’ai appris à faire du vélo lorsque j’avais 9 ans. Ou 10 ans peut-être.

C’est devant sa jolie petite maison de la Cité du Port* que la mère de ma meilleure amie de l’époque avait entrepris de m’enseigner l’art de rouler à bicyclette. La rue sur laquelle j’allais être baptisée était faite d’argile rouge, légèrement sablonneuse sur les côtés et bordée de quelques haies végétales et d’arbres. Je me souviens m’être lancée sans roues stabilisatrices dès le premier coup. Après tout je n’étais plus un bébé et j’avais confiance en moi. Je savais que je pouvais le faire.

Ce que par contre j’ignorais, c’est que les essais prometteurs de la première journée se solderaient par une vilaine chute sur un vieux stipe de cocotier. Résultat des courses : une jambe blessée et ensanglantée sur toute sa longueur. Heureusement, rien de bien méchant puisqu’avec une belle dose de mercurochrome, les dégâts avaient été minimisés. C’est plus motivée que jamais que je suis remontée le lendemain sur mon vélo et ai continué à m’exercer, pour finir par pédaler comme une grande fille au bout de deux ou trois jours.

Je retiens de cette vieille histoire que je n’avais pas peur. Ni de me faire mal, ni d’échouer. Et je n’avais toujours pas peur lorsque j’ai appris à nager sans bouées. Ou lorsque je suis montée à cheval pour la première fois. Ou encore lorsque j’ai appris à conduire en une soirée aux côtés de mon père (oui, en une soirée).

J’avais confiance en moi. Je savais très bien que des erreurs seraient commises au cours de chacun de ces apprentissages, mais elles ne me faisaient absolument pas peur. L’idée ne me traversait même pas l’esprit qu’elles pourraient m’empêcher d’atteindre mes objectifs. J’avais une attitude de déterminée.

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« Attitude is everything. »
Jeff Keller

Il y a quelques semaines je vous disais dans cet article mon désir et ma volonté de me frotter à la littérature anglophone à partir de cette année. Je suis vraiment ravie de pouvoir aujourd’hui partager avec vous un avis sur ce premier bouquin que j’ai adoré lire et que j’ai trouvé extrêmement stimulant.

Dans un style qui se veut simple, épuré et accessible à tous, Jeff Keller explique comment il est possible de prendre le contrôle de sa vie et d’atteindre son plein potentiel en adoptant une attitude positive et constructive. Pour cet auteur, l’attitude passe par trois points essentiels que sont la pensée, la parole et les actions.

En s’appuyant sur des anecdotes personnelles et sur des exemples tirés de la vie de personnes qu’il a croisées ou de son entourage proche, Jeff Keller montre à quel point la négativité peut concrètement impacter le cours de notre vie, limiter notre capacité à saisir les opportunités qui se présentent à nous, et même nous conduire à l’échec. Aussi, l’auteur n’hésite pas à fournir au lecteur de nombreux conseils et astuces pour améliorer son système de pensée, contrôler positivement sa parole et diriger ses actions pour réussir à adopter une attitude constructive face aux circonstances de la vie.

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Si cette lecture a fait remonter en moi le souvenir de la petite fille à vélo que j’étais, c’est bien parce qu’aujourd’hui je suis pleinement consciente de tous les blocages que je suis capable de me mettre sous l’influence du sentiment de la peur. Il arrive que mon attitude soit fortement négative face à certains aspects de la vie et cela n’a évidemment rien de favorable. Nous sommes d’accord qu’il y a plus à perdre à ne pas oser, qu’à se lancer dans l’inconnu ! Si plus jeune j’avais concentré mon attention sur les dangers du vélo sans roues stabilisatrices et sur mes appréhensions, j’aurais imaginé toutes sortes de scénarios catastrophes et ne me serai sans doute pas lancée à la conquête de la ruelle en argile rouge!

Lorsque j’ai lancé le club de lecture en 2018, je ne savais absolument pas où j’allais, ni ce que le projet donnerait. J’avais certes peur d’être ridicule, peur que personne n’adhère au concept. Mais après avoir en discuté avec quelques proches, j’en étais venue à la simple conclusion que toutes ces peurs étaient des pensées limitantes et que le plus important devait résider dans la satisfaction d’avoir essayé quelque chose que je désirais profondément.

Aujourd’hui le club Le Colibri est toujours là. Il est vrai que le Covid-19 nous a quelque peu ralentis dans nos activités mais la dynamique est enthousiasmante, l’ambiance et les échanges sont constructifs et ma tête ne cesse de bouillonner d’idées pour ce petit bébé. Je n’éprouve que de la reconnaissance lorsque j’y pense.

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Le livre Attitude is everything rappelle qu’on ne peut pas être négatif et rêver d’avoir au même moment des résultats de gagnant. Ce n’est pas comme cela que ça marche. Il est important d’exercer son mental à percevoir le meilleur de ce que nous sommes, même lorsque c’est difficile.

L’attitude positive est semblable à un muscle que l’on doit entraîner au quotidien. Prenons une feuille de papier par exemple et faisons la liste de toutes les choses qui méritent que nous nous réjouissions et concentrons-nous dessus quelques instants ; ça fait du bien, ça ne change pas le cours de la vie sur le coup mais il est indéniable que cela fait du bien ! « Je suis une bonne personne ». « Je mérite le meilleur ». « Ce sera peut-être long mais j’y arriverai à force de persévérance ». « Je réussirai ». Voilà le genre de pensées – et de paroles! – positives et bienveillantes qu’il est important d’avoir vis-à-vis de soi-même.

Il ne faut pas hésiter à prendre le taureau par les cornes et s’occuper de soi. Personne ne viendra le faire pour nous, à notre place. Il est vrai que certains s’en feront et s’inquièteront pour nous, mais à la fin de la journée ils retourneront toujours à leurs activités ou à leurs soucis, car oui tout le monde a sa propre vie à gérer!

Une amie, il y a quelques jours, me disait que je devais me donner le droit d’être parfois négative, de lâcher prise, d’être triste en parlant d’épisodes passagers de baisse de moral. Et elle a absolument raison. Mais contaminer les autres est une autre histoire. Personne n’aime être assaihi de gémissements plaintifs. Et puis de toutes les façons, que vous alliez bien ou pas, le monde continuera de tourner. Plus tôt on se fait à cette idée, plus vite on rebondit, et moins on a d’attentes vaines.

Attitude is definitely everything!

* Quartier de Lomé

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Je suis Manouchka. Sur ce blog, je partage mes lectures, mes pensées, mes écrits. Vos retours enrichissent le débat, n’hésitez donc pas à me laisser vos commentaires et vos avis. Et par dessous tout, merci de me lire !
A bientôt !

Ni Noir Ni Blanc, ou Mémoire d’une peau de Williams Sassine

Je suis passée par toutes les émotions : j’ai ri, j’ai eu peur, j’ai été choquée, j’ai ressenti du plaisir, j’ai été triste, j’ai été en colère, j’ai souri.

Entre les pages de ce livre sommeille littéralement de la poudre à canon. A sa manière, chaque paragraphe du récit vient titiller la sensibilité du lecteur. L’émouvoir. Le bouleverser. L’indigner. D’une manière ou d’une autre, on est touché. Il est impossible d’y rester insensible, d’en sortir indifférent.

A plusieurs reprises, j’ai été happée par ce que certains appellent Le ‘Je t’aime, Moi non plus!’. Plus j’avançais dans ma lecture, plus j’ignorais si j’en appréciais sincèrement ou en détestais le contenu. Comme je le disais précédemment, un embrouillamini d’émotions.

Car l’auteur n’y est pas allé par quatre chemins pour exprimer le fond de sa pensée. Les mots sont crus et pénétrants. Les scènes, parfois très sexuelles, sont décrites sans faux-semblants. Les détails, acérés. Quant aux personnages, puis-je me permettre de vous avouer les avoir trouvés tous un peu fous?! Un délice!

Le personnage principal, Milo, est au premier abord détestable. Il a de nombreux vices. Il tue. Il boit. Il frappe et cogne sans remords. Il ne respecte pas les femmes, il préfère les chosifier. C’est un manipulateur qui n’a pas peur de blesser les autres en se servant du tranchant de sa parole. Mais par dessus-tout – et c’est d’ailleurs ce qui vient humaniser sa personnalité bestiale et lubrique – Milo souffre d’un cruel manque d’amour. Il le dit, le répète inlassablement, tout au long de sa narration dans laquelle il nous embarque avec brio.

D’amour vrai et pur Milo a soif. Il le recherche jour et nuit, sans relâche, en chaque être qu’il rencontre. Toutefois, ne nous méprenons pas, il ne s’agit ici ni du grand amour, ni du très mythique coup de foudre. Ce dont Milo rêve, c’est d’un endroit calme et apaisant où il pourrait se reposer et juste être lui-même, sans avoir peur d’être découvert ou mis à nu. C’est ce nid douillet et sûr où il aurait la possibilité de se laisser aller à ressentir le feu qui consume ses entrailles les plus profondes. Ce précieux sentiment de paix et de confiance qui lui ferait enfin croire qu’il est digne d’exister, qu’il n’est pas une brute comme le lui crie quotidiennement sa compagne Mireille.

Même si Milo partage sa vie depuis plusieurs années avec elle, même si ensemble ils ont des enfants, c’est vers un gouffre sans fond que l’auteur choisit de diriger leur relation, mélange explosif de passion et de détestation. Alors qu’il ne peut s’empêcher de coucher avec d’autres femmes, Milo ne souhaite pas se séparer de Mireille car elle constitue l’unique repère stable de sa vie.

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Milo est atteint d’albinisme – même si il me plaît de penser qu’il pourrait aussi être un métisse, comme l’était l’écrivain Williams Sassine qui s’est beaucoup inspiré de sa propre vie pour rédiger ce roman. Le reflet de son image dans le regard des autres et celui de la société le répugne. Il n’est ni noir, ni blanc. Jaune peut-être. Pas sûr. Il est persuadé qu’il est un déchet de la société. Il suscite la peur et l’écœurement.

Alors il choisit, pour étouffer ses souffrances, de se concentrer sur ce qu’il sait faire de mieux : boire de l’alcool, et surtout donner du plaisir aux femmes, comme le lui a appris son « père » quand il était petit. Depuis, Milo ne s’en prive pas et collectionne les conquêtes. Jeunes, vieilles, maigres, mariées, mères de famille, religieuses, peu importe, il n’en a que faire de leurs statuts. Dans n’importe quel lit, il les veut toutes!
Jusqu’à ce lundi soir où, au cours d’une sortie arrosée dans un bar avec quelques amis, il fait la connaissance de Rama.

Rama, femme noire à l’esprit vif, belle de cœur et de corps, mariée à Mr. Christian l’homme blanc, et dont Milo va s’amouracher en un rien de temps. Rama, au corps vibrant de plaisir, innocente coquine, à qui il dira « Je t’aime » sans compter. Rama, passionnée et passionnante, qui le conduira peut-être, à faire la paix avec ses vieux démons.

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Si il est vrai que ce roman présente le mal-être dont souffrent les albinos dans une société africaine qui a encore beaucoup à apprendre sur cette anomalie génétique et héréditaire, il touche également au besoin profond que ressent chacun d’entre nous de trouver sa place dans la communauté et dans le monde. L’auteur, Williams Sassine, qui était de père libanais et de mère guinéenne, a lui-même souffert de cette difficulté à affirmer son identité issue de cette double culture. Une fragilité qu’il expose à son lectorat à travers un personnage certes extrême dans ces plaisirs ambigus mais profondément touchant dans sa quête criante de soi.

Combien de fois n’ai-je pas moi-même eu à me poser ce type de questions existentielles? Qui suis-je vraiment en tant que métisse? En tant que femme? En tant qu’adulte? A quelle communauté appartiens-je? Quelle est la couleur de ma peau quand je ne suis ni blanche ni noire? La solitude et l’exil intérieur sont les compagnons de ce type de questionnements qui parfois mènent certains à l’agonie psychologique.

En fin de compte, ne sommes-nous tous pas un peu albinos quelque part dans notre essence? Des êtres en simple quête d’amour et d’acceptation de notre nature véritable? Lorsque certains soirs nous posons la tête sur notre oreiller et nous demandons si l’amour est véritablement au rendez-vous, si nous sommes appréciés pour ce que nous sommes profondément et non pour le rôle que nous incarnons si bien, ou pour le costume que nous portons à la perfection? Ne sommes-nous pas aussi un peu de ce magnifique être à la peau jaune qui craint le soleil et préfère l’ombre de la nuit?

Tout un ensemble de questions que l’on pourrait résumer en un simple « Qui suis-je? ». Une ode à l’identité que nous invite à chanter l’auteur avec cet ouvrage qui, à sa manière, célèbre l’amour et la différence.

Mémoire d’une peau, de Williams Sassine. Un livre délicieusement vif que je vous recommande sans modération.

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Afin de poursuivre dans le sens de l’albinisme, je vous recommande cette vidéo sur les enfants albinos en Tanzanie. S’informer et informer les autres est un devoir individuel et collectif.

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Déculturer pour mieux régner, ou Fahrenheit 451 de Ray Bradbury

Imaginons un nouveau monde. Où les livres seraient strictement interdits. Où l’information serait rigoureusement contrôlée, dans son essence et dans sa transmission. Imaginons un nouveau monde. Où les pompiers n’éteindraient pas le feu, mais le mettraient aux maisons de tous ceux qui, clandestinement, y cacheraient des livres.

Fahrenheit 451 de Ray Bradbury est LA dystopie qui décrit superbement bien une telle société.

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Je suis de celles et ceux qui croient profondément aux pouvoirs des livres. Je n’imagine pas ma vie sans eux, sans leurs histoires, sans tous les secrets qu’ils me livrent.

Mon père me poussait constamment à lire lorsque j’étais petite. Et à dessiner aussi. Il savait que ces deux activités stimuleraient l’imagination et la curiosité de l’enfant que j’étais. Aujourd’hui, la lecture est une activité que je continue de chérir et qui constitue l’essentiel de mes hobbies. Un précieux me time* qui me permet de voyager et d’apprendre.

Le livre est un excellent vecteur d’accès à la connaissance. Quelle qu’elle soit. Les histoires, les biographies et autobiographies, les poèmes, les essais, la philosophie, pour ne citer que ces registres là. Lire est un exercice qui, pratiqué de façon consciencieuse, permet également de développer la pensée critique. Sans oublier le fait que les livres constituent une importante voie de transmission de l’histoire, de ce qui a été autrefois.

Je me souviens par exemple de toute l’émotion que j’ai ressentie à la lecture du Génocide Voilé de Tidiane N’Diaye. A l’époque, j’ignorais tout de la traite arabomusulmane. Je n’avais jamais eu auparavant l’occasion d’avoir accès à de l’information traitant de cette thématique. Elle ne nous avait pas été enseignée à l’école – contrairement à la traite négrière. Personne ne m’en avait jamais parlé. Ce livre avait été alors une révélation et m’avait beaucoup appris sur les 13 siècles d’esclavage en Afrique pratiqué par les arabes ; à sa fermeture, j’étais fière et très contente d’avoir appris quelque chose de nouveau.

Grâce aux livres, nous pouvons réfléchir à ce que pourrait être le monde de demain. Nous pouvons nous questionner sur notre société et sur ses dogmes. Nous interroger sur ce qui est, sur ce qui pourrait ne pas être ou qui pourrait être autrement.

Bref, lire ouvre la boîte dans laquelle nous sommes enfermés et y fait pénétrer la lumière. Lire nous éclaire, lire nous fait réfléchir et nous permet d’accéder au sens des choses – et non aux choses elles-mêmes.

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Il est donc assez logique que dans une société où les dirigeants auraient tout à perdre si les sujets avaient librement accès à la connaissance, on en vienne à interdire et à supprimer le canal par lequel est véhiculé cette connaissance : le livre. Moins la population en sait (sur elle-même, sur son passé, sur son identité mais aussi sur les autres), moins elle se posera de questions, et plus il sera facile de diriger d’une certaine manière. Ou devrai-je plutôt dire de ‘contrôler d’une certaine manière’.

La destruction des livres par le feu dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury n’a certainement pas été choisie par hasard. En outre par un corps qui, en temps normal, éteint le feu et sauve des vies : les pompiers. C’est un peu comme si un policier, dont le rôle est de veiller à notre sécurité, se mettait à nous agresser, à nous tuer.

Dans notre société actuelle, mettre le feu à un livre n’a en soi rien de grave. Que vous mettiez le feu à votre bibliothèque personnelle au milieu de votre salon n’engage que vous (si bien sûr vous n’en venez pas à également brûler la maison de votre voisin!). Ce qui est répréhensible par la loi et condamnable par la justice, c’est la motivation qui pousse à brûler un livre, qu’elle soit politique, morale ou religieuse, associée à l’expression publique de cette motivation.

Par exemple, en 2010, une personne portant le pseudonyme de Emilio Milano avait mis le feu au Coran en Alsace, et avait été alors mis en examen pour « provocation publique à la discrimination raciale ». Bien qu’il n’ait pas été condamné à de la prison ferme, son affaire avait fait grand débat dans les couloirs de la justice.

A l’époque nazi en Allemagne, beaucoup de livres dits ‘non-allemands’ avaient été symboliquement détruits par le feu pour revendiquer la suprématie de l’idéologie allemande. Étaient passées au feu entre autres des œuvres de Stefan Zweig et de Karl Marx. Au début de l’année 2015, l’Etat islamique (Daech) avait également réduit en cendre plusieurs milliers de livres au sein de la bibliothèque de la ville irakienne Mossoul.

Cette destruction symbolique d’œuvres littéraires par les flammes – appelée un autodafé – est extrêmement lourd de symbolique. Ce qu’il faut détruire, ce n’est pas l’auteur mais la pensée que véhicule son livre. Bien qu’il faille aussi admettre que détruire une pensée revienne aussi à détruire l’homme qui en est à l’origine. Afin que vous puissiez avoir une idée de quelques autodafés qui ont marqué notre histoire, je vous invite à lire cet article très intéressant du Figaro Culture.

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Pour garder en sa possession quelques livres, le héros de Fahrenheit 451, lui-même pompier, n’hésitera pas à mettre sa propre vie, et accessoirement celle de sa femme, en danger. Il protégera ses livres, cachés sous sa veste, pressés contre sa poitrine, tout le long de sa fuite face aux autorités de la cité décidées à en finir avec lui. Un homme qui lit est une menace pour l’équilibre de la société. Un homme qui lit voit clair. Un homme qui lit pense autrement. Il représente une menace pour l’équilibre sociétal ; en partageant sa connaissance, il risque d’éveiller la curiosité des autres et d’être à l’origine de possibles soulèvements. Il faut l’éliminer.

Notre héros refusera alors par tous les moyens de se laisser impressionné et manipulé.

J’ai trouvé qu’il était là, intéressant de se questionner sur les pseudo-dangers de la connaissance. N’aurait-il pas été plus simple, pour le héros, de se contenter de ce que voulaient bien lui donner les décideurs et ainsi avoir la paix?

Nous pourrions tous, comme l’écrit l’auteur, nous contenter de loisirs classiques ; ils sont rapides, expéditifs, empêchent de réfléchir. Par exemple : la télévision grand public. Ce n’est pas par hasard, je l’imagine, que certaines chaînes explosent leur audimat grâce aux télé-réalités.

Il fut une époque, il y a environ trois ans, où en quelques semaines j’avais développé une réelle addiction aux émissions de télé-réalité. A chaque fois que j’en regardais une, je ne faisais plus attention au temps qui passait, je me dépêchais de rentrer chez moi pour regarder le dernier épisode (un ramassis de bêtises maintenant que j’y repense), je ne réfléchissais plus ; par contre, je rigolais énormément et m’en amusais beaucoup. Et le pire, j’en redemandais!

Consommer ce genre de divertissement n’est absolument pas interdit, je ne dis pas qu’il faudrait définitivement tirer un trait dessus. Un épisode de temps en temps, pourquoi pas ? ça détend, effectivement. Mais je suis personnellement convaincue que ces émissions sont faites pour nous endormir sous leurs faux airs de divertissements. Et surtout, je pense qu’en abuser est loin d’être bon pour notre santé mentale et notre lucidité.

Donc oui, on pourrait rentrer dans le moule, comme le voudraient les dirigeants du livre Fahrenheit 451 pour la population de la cité. Ce serait tellement plus simple, nettement plus facile. Ne consommer que de l’information sélectionnée par les décideurs. Ne lire que des livres choisis pour nous. N’écouter que de la musique – ou des bruits! – qu’on nous propose. Et marcher dans le même sens que la foule. Être docile et sage. Un citoyen modèle. On pourrait le faire, économiser notre énergie tout en nous épargnant moultes problèmes inutiles.

Mais pour certains, une telle subordination serait synonyme de « mort vivante ». Être sans être. Ne plus penser. Ne plus grandir. Ne plus accéder à d’autres formes de vérités, de cultures. Ne plus remettre en question. Ne plus réfléchir.

Beaucoup de personnes, de nos jours, qui osent penser à contre-courant, qui défient l’autorité en remettant en question des idées bien installées par les décideurs ne sont pas vues d’un bon œil. Au moment où j’écris ce billet, je pense notamment à l’écrivain egyptien engagé Alaa El Aswany. Son cheval de bataille : les valeurs de la démocratie. En 2019, Alaa El Aswany a été poursuivi par la justice égyptienne ‘pour insultes au président’ et son roman J’ai couru vers le Nil a alors été interdit dans plusieurs pays arabes. En dehors de cet auteur, je pense aussi naturellement à toutes les personnes qui se battent pour amener la culture aux populations qui n’y ont pas accès, conscientes de son importance sur le bien-être et la construction de l’individu, et qui se heurtent aux obstacles érigés par certains dirigeants.

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Fahrenheit 451 est définitivement un livre qui m’a rappelé la grande place de la culture, de la lecture dans ma vie personnelle mais aussi dans la vie communautaire. L’importance de lire de bons livres, bien choisis, et je pense que c’est sur ce dernier point que je vais devoir, en ce qui me concerne, mieux travailler. Choisir un contenu constructif et pertinent est aussi important que d’entrer dans une librairie avec l’optique de s’offrir un livre. Ces deux actions peuvent et doivent aller de paire afin de nous permettre d’en apprendre davantage sur nous-même mais aussi les autres et sur la (les) société(s).

Comme je ne cesse de le dire, cultivons la curiosité, ne cessons jamais d’interroger, de chercher le pourquoi du comment, et cela même au risque de déplaire à certains. C’est de notre épanouissement mental et culturel dont il s’agit là, et je suis convaincue qu’il n’a clairement pas de prix.

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Une courte vidéo pour finir sur le sujet de la déculturation :

* moment à moi

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Une histoire de coïncidences, ou La Prophétie des Andes de James Redfield

Je me souviens du sujet relatif à la première ‘vraie’ décision que j’ai eu à prendre dans la vie : mes études universitaires.

J’avais 17 ans. Toutes les décisions que j’avais pu prendre avant cet instant m’avaient soudainement paru légères et insignifiantes. A l’époque, je savais juste que je ne voulais étudier ni la médecine ni le droit et que je souhaitais aller dans une petite ville côtière où le soleil brillerait plus souvent qu’il ne pleuvrait (je ne m’imaginais pas vivre dans un endroit où il me serait inenvisageable de voir la mer!). J’ai alors fait un choix et la vie m’a conduite à Montpellier pour quelques mémorables années.

« Ce n’est pas facile d’être adulte! » avons-nous coutume de dire avec mes proches en nous taquinant car prendre une décision importante, parfois lourde de conséquences, peut parfois faire très peur. Qu’il s’agisse de monter sa propre entreprise ou de conserver son emploi, de privilégier un investissement A ou un investissement B, de rester en couple ou de se séparer, ou encore de choisir un traitement médical, il arrive qu’on doive y réfléchir à plusieurs reprises. Sans compter le stress généralement engendré par la crainte de faire un mauvais choix.

Avec le temps, j’ai compris qu’il n’y avait pas de bonne ou de mauvaise décision. Ruth Chang, philosophe à l’Université Rutgers dans le New Jersey disait d’ailleurs à ce propos : « L’incapacité à prendre une décision vient de cette idée qu’il existe une bonne réponse, mais qu’on est trop bête pour la trouver« . Malheureusement, la course à la perfection qui régit la société actuelle nous retire trop souvent la tolérance que nous pouvons avoir vis-à-vis de nous-même en ce qui concerne les choix que nous faisons. Et je pense que si le résultat de nos prises de décisions pouvait être connu à l’avance, nombreux nous serions à dire oui à la possibilité d’en prendre connaissance.

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Prendre une décision éclairée avec confiance est un processus qui s’apprend et s’étudie, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Les critères qui guident nos choix sont nombreux et pèsent plus ou moins lourdement dans la balance selon la personnalité de chacun et le type de décision à prendre. Nous pouvons considérer par exemple :
– la quête d’un résultat donné,
– l’étude des faits et la logique,
– la pression extérieure, sociale ou familiale par exemple,
– l’intérêt personnel ou celui d’autrui,
– les émotions, l’instinct et le ressenti.
Etc.

Le mécanisme de prise de décision est un sujet pour lequel j’ai un réel intérêt étant moi-même en perpétuel apprentissage de la vie. Et c’est donc avec beaucoup d’attention que j’ai lu La Prophétie des Andes de James Redfield. A travers l’histoire du héros qui effectue un long voyage au Pérou dans le but d’y découvrir un Manuscrit vieux de 2600 ans, l’auteur dévoile au fil des chapitres l’importance que nous devons accorder aux coïncidences du quotidien dans nos prises de décision. Pour lui, le hasard n’existe pas et tout ce qui se passe dans notre vie a pour objectif de nous enseigner une leçon, de nous mener à une destination précise pour le bien de l’humanité toute entière.

J’ai vraiment été sensible aux messages et conseils véhiculés par l’auteur sur la nécessité d’être à l’écoute de soi et de l’environnement. Il est bien vrai que pour beaucoup d’entre nous, nous vivons sans faire attention aux détails. La société actuelle a tendance à nous robotiser sans même que nous nous en rendions compte. Notre corps est présent mais notre esprit est ailleurs. Nous sommes surmenés par toutes les taches que nous devons accomplir au travail et à la maison. Nous devenons de moins en moins sensibles à la nature, aux éléments extérieurs, à ce qui nous entoure, en permanence centrés sur nous-même.

Non seulement ce livre nous invite à changer d’attitude pour nous ouvrir à la beauté du monde, mais il appelle également au questionnement. Les coïncidences porteuses de message, d’après l’auteur, surviennent lorsque nous posons une question précise à l’univers en rapport avec le cours de notre existence. Par exemple, dois-je continuer de travailler ou reprendre mes études?

A partir de cet instant, si nous sommes attentifs, il peut se produire un ou plusieurs évènements censés nous apporter les bonnes réponses. Encore faut-il pouvoir déceler ces messages! Ce à quoi va s’exercer le héros tout au long de son aventure en apprenant à manger moins de viande et beaucoup plus de légumes et de fruits afin d’augmenter sa sensibilité, en observant ses compagnons de route, en étudiant leurs comportements, en méditant, en appréciant la beauté et l’énergie de la nature qui l’entoure.

L’auteur, avec ce roman vendu à plus de 20 millions d’exemplaires dans 35 pays mêlant fiction et réalité, semble clairement s’inscrire dans la revendication du courant spirituel dit du New Age dont je vous invite à lire les caractéristiques ici sur Wikipédia.

En ce qui me concerne, l’objectif a été pour moi, en suivant le héros dans son périple, de comprendre dans quelle mesure le Manuscrit recherché révélait la possibilité d’un changement imminent de notre humanité grâce à la prise de conscience individuelle et collective. Dans son livre, James Redfield écrit qu’un changement capital s’effectue au début de chaque nouveau millénaire. Evidemment, je n’ai pas pu m’empêcher de faire l’analogie avec l’épisode du Covid-19 que nous vivons actuellement! Du fait de ce virus, la majorité des individus peuplant notre planète a été appelée à être confinée et à revoir son mode de vie et de consommation. Mais aussi à remettre en question son système de pensée.

Je pense que beaucoup n’auront pas peur d’affirmer que la crise du Coronavirus se produisant en 2020 n’est absolument pas le fruit du hasard. Pour certains, il s’agirait même du fruit de certaines coïncidences comme l’indique par exemple cet article présentant une sélection de livres qui auraient prédit la pandémie. Personnellement, je n’y crois pas mais étant donné le fait que nous sommes au tout début du troisième millénaire et plus précisément en 2020 (« Twenty-Twenty » une succession de deux nombres identiques) et que la planète traverse une crise environnementale sans précédant, il y a effectivement de quoi parfois se poser quelques questions.

Ce qui est toutefois certain, c’est que le Covid-19 m’a fait réaliser que nous avions la possibilité de réduire la pollution si nous le décidions. Pendant de longues années, il ne s’est tenu que colloques sur colloques au sujet de l’environnement, sans que, à mon humble appréciation, aucune action durable et concrète ne soit prise par les dirigeants du monde.

Aujourd’hui, force est de constater que la planète respire mieux (1) ! (Reste à savoir jusqu’à quand?!). Et nous sommes tous témoins du fait que la nature et les êtres humains ne peuvent être dissociés. Il est indispensable de repenser nos habitudes, pour permettre la poursuite de notre aventure sur la planète sans pour autant continuer à l’abîmer et la détruire. A nous de savoir déduire les leçons de ce que nous vivons aujourd’hui pour le bien des générations futures, et d’agir, de décider ce qu’il y a de mieux (2), comme le sous-entend clairement le Manuscrit de La Prophétie des Andes.

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Il y a tout de même certains points qui quelque peu ralenti mon entrain à la lecture.

Sur la forme, j’ai trouvé la narration souvent longue et très fournie en descriptions, ce qui rendait par moment entrecoupait le rythme de la narration. Sûrement devrais-je essayer de lire la version originale en anglais. D’ailleurs, sur Instagram, je disais il y a quelques temps mon désir de m’exercer à désormais lire aussi des ouvrages rédigés dans la langue de Shakespeare, et ce livre me convainc de la nécessité de me lancer dans cette aventure. Aussi, en les comparant aux autres, les deux derniers chapitres m’ont paru moins simples à appréhender.

Toutefois, il n’en demeure pas moins qu’il s’agisse de détails auxquels chacun peut être sensible de manière différente. Ils n’en retirent rien aux connaissances que j’ai pu avoir à la lecture de l’ouvrage.

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Pour revenir à la thématique des coïncidences, je ne suis pas de celles et ceux qui estiment que tout évènement de notre vie se doit de forcément comporter un message. Everything does not happen for a reason. Je n’étais pas donc toujours en accord avec la pensée de l’auteur et avec l’attitude que pouvait adopter son héros face aux évènements de sa vie et à son interprétation abusée voire abusive des coïncidences. Certaines choses arrivent, et puis c’est tout. Je ne suis pas du genre à recevoir un appel téléphonique et à me dire qu’il avait forcément un sens. Ou encore à croiser une vieille amie à trois reprises en deux semaines et à y déceler un message codé. J’aime aussi par moment me laisser vivre et accepter d’être portée par le cours des évènements, tout simplement.

La vie est une aventure. Avec elle vient son lot de surprises, bonnes et mauvaises. Nous pouvons en contrôler certains aspects, et d’autres beaucoup moins voire pas du tout. Il arrivera que nous nous poserons des questions sur certains éléments décisifs de notre vie, sans jamais avoir de réponses à travers les faits rencontrés ou observés. Devra-t-on à ce moment là se sentir perdu? Abandonné de l’univers? Défaitiste? Je ne le crois pas. Parfois les réponses se trouvent simplement en nous-mêmes, et ce à quoi nous devons aussi nous exercer, c’est faire confiance à notre intuition et apprendre tout simplement à être dans l’acceptation (3).

Coïncidences ou pas, il nous faudra toujours continuer à avancer et à tracer notre chemin du mieux que nous le pourrons.

Avant de clore ce billet, je vous propose une vidéo très intéressante sur la civilisation maya que l’ouvrage m’a amenée à découvrir à travers le périple du héros. Toute la culture précolombienne d’ailleurs en vaut le détour!

Ainsi qu’une compilation des 10 coïncidences les plus étranges relevées par l’histoire :

Pour revenir à mes études à Montpellier, je pense tout compte fait et admets qu’aller y étudier était effectivement loin d’être le fruit du hasard. Car là-bas, j’ai obtenu mon diplôme, découvert une famille dont j’ignorais l’existence, connu des personnes qui jusqu’à ce jour font partie de ma vie et m’apportent comme jamais je ne l’aurais imaginé.

Notre histoire, quoi que disent ou pensent les autres, nous appartient ; à nous de la construire et de lui apporter des couleurs en fonction de la palette dont nous disposerons.

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(1) En images : la Terre respire mieux depuis le début des confinements
(2) Lecture proposée : L’Après Covid 19, ne plus séparer santé et environnement
(3) Lecture proposée : Cinq conseils pour prendre la bonne décision au bon moment