Camara Laye représente concrètement une belle de mon enfance. Ma scolarité. Le collège! Relire ce livre était dans mes projets depuis plusieurs mois. Je souhaitais me le réapproprier à un âge adulte, plus mûr. Et il faut le dire, L’enfant noir est un intemporel de la littérature africaine. Il se doit d’être lu, si ce n’est relu, et partagé sans modération autour de soi.
Dès la lecture du premier chapitre du roman, une dictée que nous avions eu en classe à l’époque m’est revenue en mémoire. Ma camarade de banc et moi avions beaucoup ri ce jour-là ; le maître (de sport je précise, notre maître de français étant absent) qui nous la faisait ne cessait de prononcer le mot « proximité » en insistant sur le X, répétant à plusieurs reprises « progzimité ». Nous ne cessions d’en rire! C’est fou cette capacité de la mémoire à parfois sélectionner de façon bien précise certains moments forts de notre vie.
Au cours de la dernière Nuit des Idées qui s’est tenue à Paris en janvier de cette année, l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie a eu à citer Camara Laye à plusieurs reprises. Elle a d’ailleurs partagé que L’enfant noir l’avait fait réaliser combien il était important de raconter des histoires qui parlaient de soi. Camara Laye inspire les plus grands d’aujourd’hui, c’est un fait que personne ne peut contester.
L’enfant noir est un récit globalement autobiographique. Simplement écrit et tellement agréable à lire. Camara Laye y raconte son enfance à Kouroussa en Guinée, auprès de son père forgeron et de sa mère respectée de tous pour ses dons de clairvoyance. Il y décrit les valeurs du respect et de l’obéissance qui se doivent d’être accordées aux aînés, mais aussi la place de la femme dans la famille et dans la société. Il y parle de l’école à Kouroussa, des punitions des maîtres qui exercent de leur autorité avec abus, puis de l’école technique à Conakryf, de l’école du Blanc qu’il aura le privilège de fréquenter plus tard en France. Il y décrit les rites de passage de l’enfance à l’âge adulte, la circoncision. Il se livre sur ces grandes valeurs que sont l’amour et l’amitié.
Un livre vraiment touchant que je suis extrêmement contente d’avoir pu relire aujourd’hui. Ce que j’en retiens, c’est qu’il est important de raconter, raconter notre histoire, nos expériences, nos particularités. Je le recommande bien sûr sans modération à tous ceux qui ont le désir de toucher à l’univers de la littérature africaine classique.