La triomphante, Teresa Cremisi

Parfois, il arrive qu’on choisisse un livre en se référant uniquement à un résumé inscrit au dos du bouquin, ou encore à un extrait du texte qui donne par avance l’impression d’une lecture qui s’annonce être du feu de Dieu! Et puis finalement, on est presque, ou totalement, loin du compte…

« La triomphante ». Déjà ce titre évoque la puissance d’une femme qu’on a hâte de découvrir, de suivre dans son histoire! L’histoire dans le fond est sympathique : une enfance en Egypte, une adolescence en Italie puis une vie adulte à Paris en France. C’est le parcours familial mais aussi professionnel, ainsi que toutes les difficultés auxquelles aura à faire face cette femme pour se forger une place solide dans la vie. Elle y raconte son aversion pour le mariage, son désir d’indépendance et de liberté.

Le point intéressant de ce roman est selon moi les belles références littéraires qu’on peut y trouver. Si vous êtes curieux et friand de littérature, l’autrice y cite pas mal d’ouvrages références qui l’ont accompagnée tout au long de son cheminement, de sa construction personnelle. Il y a également un côté féministe qui est mis en avant, et que j’ai personnellement bien aimé ; il s’agit de la manière dont l’autrice se sert de sa propre histoire pour rappeler aux femmes qu’il n’est pas nécessaire de s’écraser, de s’effacer pour plaire aux autres, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel. Mais au contraire, qu’il est important de s’affirmer, d’affirmer ses choix pour exister de façon authentique. Belle leçon de vie qui peut servir à toutes!

Certains passages m’ont paru intéressant à partager avec vous.

Par exemple :

« Le moment fatidique où « une petite fille devient femme », selon l’expression niaise utilisée par une de mes tantes, survint l’été de mes quatorze ans, à Antibes. J’avais été vaguement prévenue, mais cet écoulement de sang me sembla une catastrophe plus grave que je ne l’avais imaginée. Comment supporter toute la vie une telle contrainte? »

Ou encore :

« Si tu ne peux pas mener la vie que tu veux, essaie au moins de faire en sorte, autant que possible : de ne pas la gâcher dans trop de rapports mondains, dans trop d’agitation et de discours… jusqu’à en faire une étrangère importune.« 

Ou même encore :

« Le matin je louais un vélo et partais vers les phares ou le long du sentier qui surplombait les murazzi, mangeais un sandwich au jambon et aubergine, dormais sur une pierre chaude de soleil, me baignais quand j’en avais envie (en mouillant bien les cheveux, c’est une recette simple pour reprendre goût à la vie), pédalais sans hâte, m’arrêtais selon mon inspiration. »

Comme un petit goût de liberté, de carpe diem, d’hymne à la vie, ne trouvez-vous pas?

Je vous précise qu’il s’agit là d’une autobiographie, superbement écrite je trouve d’ailleurs, l’autrice ayant une très belle plume. Ce que je regrette, c’est l’absence d’intrigue. Hélas, tout est plat, linéaire, il n’y a aucun rebondissement, ce qui au fil de la lecture peut faire naître un certain ennui.

A ce propos aussi, je me pose une petite question : pour être bon, un roman doit-être nécessairement comporter une intrigue?