C’est le genre de livre que j’offrirai sans hésiter à mes petites sœurs ou à ma filleule le jour où elles seront en âge de saisir la profondeur du sujet. Notre féminité nous est malheureusement, et bien souvent, si étrangère. Nous n’en saisissons que très rarement l’aspect sacré ; il peut même nous sembler complètement farfelu dans certains cas. Quel gâchis penseraient certaines… En lisant chacune des pages de cet ouvrage, j’ai pris conscience et (re)découvert de nombreux aspects de ma nature, ma nature féminine, mon moi intérieur, que si souvent j’ai négligé par ignorance. Je partage avec vous certains points qui je l’espère, vous donneront envie de le lire à votre tour.
L’auteure Camille Sfez a su trouver les bons mots et le ton adéquat pour aborder des thèmes tels que les règles, le pardon, le tabou autour de la maternité ou des IVG ou encore la prière, le tout avec beaucoup de bienveillance vis-à-vis du lecteur (plus précisément de la lectrice). Lorsqu’elle explique l’importance pour une femme de mettre en place des rituels dans sa vie, par exemple lors de ses règles, ainsi que la nécessité de s’accorder du temps et du repos, je me suis rendue compte que jamais je n’avais porté un tel regard sur mon corps pendant ces périodes dites lunaires (avec ses règles, « avoir ses lunes »), sauf lorsque j’y étais contrainte. Bien souvent, je ne me repose pas, je force même la machine en faisant du sport ou de gros travaux ménagers, comme si m’occuper intensément me faisait oublier le moment présent. Pire, il arrive parfois que je profère à mon utérus des paroles de colère et de désapprobation. A travers des phrases simples et un style fluide, le rappel nous est fait au travers de ces pages la nécessité de porter un regard doux et indulgent sur notre matrice. Et ça fait du bien.
Il y est donc question de l’intérêt pour les femmes de faire la paix avec leur corps physique, mais aussi avec leur masculin intérieur et avec les hommes importants de leur vie. On y parle également des énergies sacrées échangées lors des rapports sexuels, de la spiritualité de façon générale et en particulier du divin qui habite en nous en tant qu’être humain, de la mémoire des femmes de notre lignée, de celles qui ont vécu avant nous et de l’importance de réfléchir à leur existence passée : pensons-nous qu’elles aient souffert? comment ont-elles été aimées? quelles ont été leurs cicatrices et leurs souffrances qui aujourd’hui peuvent indirectement impacter le tracé de nos vies de femmes? Autant de volets auxquels je ne porte pas suffisamment d’attention et de réflexion, et pour lesquels j’ai pris relativement conscience grâce à cette lecture.
De façon brève, cet ouvrage que Camille Sfez nous offre a pour vocation d’aider les femmes à faire la paix avec leur corps, à révéler leur féminin profond grâce à des rituels et à renouer avec leur puissance « sauvage », celle-là même non lissée par la société et ses diktats. Il est vrai que beaucoup parmi nous sont façonnéess par notre éducation principalement, mais parfois aussi par les autres, leurs attentes, leur regard qu’ils peuvent porter sur nous. On décide pour nous depuis notre plus jeune âge. Notre prénom est la première étiquette que l’on nous colle. On nous inculque ce qui semble être bon et juste pour nous. Mais combien sommes-nous à véritablement savoir nous détacher de tout cela, porter un regard critique sur notre existence et avoir conscience de notre féminité telle que définie, entre autres, dans cet ouvrage?
Je sais que pour ma part, j’ai encore beaucoup à apprendre et que je reste curieuse de tout ce que peut être ma féminité. Je sais aussi qu’il est important d’apprendre aux jeunes filles à se conscientiser suffisamment tôt de tous ces sujets et qu’il est capital de leur fournir les moyens d’y parvenir.
Pour finir, je note ce bouquin d’un joli 9/10 et vous invite à vous en procurer un exemplaire si vous ne savez pas vraiment quoi bouquiner cet été.